Aujourd’hui la Sàrl « Ferme de Rovéréaz » mène un projet d’agriculture biologique de proximité et participe activement à l’économie locale. Elle livre par exemple le fameux Zoo Burger, l’épicerie La Brouette ou encore le Panier à 2 Roues. Mais son histoire commence bien avant tout ça, lorsqu’elle appartenait encore à un Seigneur…
Le patrimoine bâti
De 1810 à 1814, le propriétaire du domaine de Rovéréaz, Charles-Sigismond Cerjat, fait construire les ruraux, les granges et la « maison de fermier ».Vers 1840 vient s’ajouter une tour de genre néo-gothique dont il ne reste malheureusement que quelques cailloux aujourd’hui.
A l’époque, l’organisation et la disposition des constructions de Rovéréaz sont qualifiés « d’avant-garde » : deux siècles plus tard, ces bâtiments forment toujours pour l’essentiel le cœur du « hameau » de Rovéréaz !
En avril 1921, un incendie détruit le rural. Les services industriels de l’époque payèrent l’entier de la reconstruction et la nouvelle charpente en lamellé-collé fût réalisée de main de maître par un charpentier de la Sallaz.
Chronologie des propriétaires
- Vers 1474: Seigneures de Billens
- XVIIe- XVIIe: Famille Charrière
- 1744-1809: Sebastien BErgier
- 1809-1899: Famille Cerjat
- 1899-1988: Famille Fallot
- 1988- … : Ville de Lausanne
L’exploitation agricole
Durant le XIXe, le domaine est confié à un « régisseur », mais on ne parle pas encore de fermier. C’est en 1844 que l’on trouve la trace du premier fermier du domaine. Après le décès de ce dernier en 1866, le domaine est confié à la famille Mottaz de Chailly durant près de 30 ans. Cette longue période témoigne sans aucun doute du rendement du domaine qui permettait manifestement de faire vivre un grand nombre de personnes, en tous cas au XIXe siècle.
Entre-deux-guerres, l’exploitation agricole prospéra beaucoup: le domaine comptaient une cinquantaine de bovins et les fermiers de l’époque développèrent les prémices d’un « marché » à la ferme: les Lausannois venaient nombreux s’approvisionner en pommes de terre et en pommes de garde.
Chronologie des fermiers
- 1844-1866: Marc-François Schwitzgebel
- 1866-1897: Famille Mottaz
- 1897-1911: Famille Dougoud
- 1911-1946: Famille Schwarz
- 1946-2014: Famille Chollet
- 2016- … : Gilles Berger
2016, début de notre histoire…
En 2016 les premiers semis de blé d’automne, d’engrais vert et de prairies temporaires sont effectués par la nouvelle équipe agricole de Rovéréaz. C’est le début de notre histoire.
Au printemps 2017, les premiers légumes sont plantés et semés sur 1.7 hectares avec l’aide des quelques machines que nous avons pu trouver d’occasion et de nombreux coups de main. Les cultures poussent : elles ont faim il faut épandre du compost, elles ont soif il faut installer les rampes d’arrosages. Les mauvaises herbes poussent aussi en profitant du soleil. Il faut sarcler, désherber, butter, continuer de planter et de semer jusqu’à l’été. Les premières commandes sont là il faut récolter les salades, choux-pomme et les oignions nouveaux. Puis c’est l’été avec les grandes chaleurs il faut courir après les mauvaises herbes, les lampés dans le blé et les campagnols. Les plantons de fraises arrivent avec les chicorées et les derniers semis de légumes. Avec un peu de chance, l’été est propice et nous offre une belle fenêtre pour les moissons. Le blé est d’excellente qualité et nous donnera de la farine jusqu’aux prochaines récoltes, ce qui nous permet de faire nos propres pains que nous vendons au marché à la ferme. L’été est aussi source de diversité ; les haricots sont de toutes les couleurs, les carottes, betteraves, côtes de bettes jaunes, rouges, roses, les fleurs aussi sont de la partie avec toutes leurs formes et couleurs : elle est belle la biodiversité agricole!
Après les moissons il faut rapidement semer les engrais verts pour garder les terres ouvertes couvertes, les protéger et les nourrir en matières organiques. L’automne arrive gentiment et nous récoltons les racines au fur et à mesure, les courges arrivent aussi à maturité, le sarrasin est moissonné. C’est la première année qu’on en multiplie, un kilo nous en donnera 25 mais quel travail pour battre à la main. L’année prochaine c’est ¼ d’hectare et la moissonneuse batteuse.
La deuxième série de céréale est semée le 15 octobre avec l’aide précieuse de Jean-Luc, le blé côtoie désormais le seigle et l’épeautre. Pour laisser reposer les sols nous mettons en place 5 hectares de trèfle rouge pour la production semencière. Ceci ravira les abeilles qui forment notre seul cheptel à l’exception des moutons en transhumance. L’automne c’est également le temps des plantations et semis pour l’hiver ; la mâche, les épinards et toutes sortes de salades étranges qui passeront l’hiver au champ.
2019 arrive déjà, c’est l’heure de clôturer les comptes et de planifier l’aventure pour l’année prochaine. Outre les surfaces de légumes qui augmenteront, les colonies d’abeilles aussi, en passant de 4 à 27 ruches! Nous allons commencer à produire du miel avec l’aide précieuse d’un petit groupe de passionnés. C’est aussi l’année du début des travaux dans les ruraux et de la mise en route de tous les projets qui forment le nouveau cœur de Rovéréaz : plantation d’un verger, diversification des céréales, production semencières, transformation des céréales, légumes et fruits sur place.